La base navale de Toulon se prépare à recevoir les frégates FREMM

  • Dernière mise à jour le 12 avril 2013.

En 2015, la base navale de Toulon devrait recevoir sa première frégate FREMM. Ayant un tirant d’eau plus important que ses prédécesseurs, cela suppose donc un important chantier de dragage des fonds avant son arrivée.

Après 2 ans de préparations, tant sur le plan technique qu’administratif, le chantier a véritablement commencé il y a 3 semaines, après un léger retard dû aux mauvaises conditions météorologiques.

Il s’agit, sur près de 6 ha, de retirer près de 6.500 m3 de vase, de sédiments et de matériaux divers. Objectif : ramener le fond à 9 m sous la surface. Par endroits, il faudra creuser sur 2 m d’épaisseur.

Prévus au départ d’être réalisés par des moyens mécaniques, c’est finalement “à la main” que les travaux sont effectués : des plongeurs aspirent les matériaux avec une suceuse, une méthode qui rappelle beaucoup les fouilles archéologiques sous-marines.

Un débris métallique remonté du fond

C’est que l’Histoire — avec un grand “H” — a été agitée dans le port militaire de Toulon. Des relevés magnétométriques ont révélé la présence de nombreux éléments métalliques dans le fond marin. Ici, en 1942, une partie de la flotte française s’est sabordée pour échapper à l’envahisseur allemand. Lorsqu’ensuite, ceux-ci ont tenté de renflouer les coques pour les réutiliser ou pour dégager les quais, les bombardiers américains ont largué leurs bombes, aggravant les dégâts. Enfin, dans les années 45 à 56, les épaves ont été démantelées à la va-vite, sans grandes précautions, laissant sur le fond de nouveaux débris.

On estime que, en moyenne, 10 à 15% des bombes larguées n’ont pas explosé. Les responsables du chantier s’attendent donc à trouver de 5 à 10 bombes de 300 kg. Et c’est sans compter les nombreuses munitions de plus petit calibre, qui ont été jetées par dessus le bord lors du sabordage.

La base navale de Toulon se prépare à recevoir les frégates FREMM

Les travaux se déroulent devant le quai Noël sous la maîtrise d’œuvre de l’ESID (Etablissement du Service d’Infrastructure de la Défense). Pyrotechnis, une filiale de Véolia, s’occupe du dragage des sédiments. C’est aussi elle qui, en cas de découverte d’“éléments pyrotechniques” — c’est à dire des munitions non-explosées — devra les éliminer en toute sécurité et sans conséquence pour la population. De son côté, Extract-ecoterres se charge du séchage et du tri (plus ou moins pollué) des boues avant qu’elles ne soient envoyées dans des décharges adaptées.

Les travaux s’effectuent sous le contrôle de laboratoires agréés, afin de s’assurer que les sédiments qui pourraient être soulevés par les travaux, ne se déplacent pas.

Le plongeur s’équipe de son scaphandre

En surface, rien de très spectaculaire, bien au contraire. Seule une barge accueille les installations techniques nécessaires aux plongeurs : alimentation en air, surveillance vidéo et audio.

L’équipier du plongeur l’assiste pour s’habiller

Les plongeurs sont équipés de scaphandres — et non de combinaisons — reliés à la surface par un narguilé qui les alimentent en air : ils ne portent de bouteilles et peuvent ainsi travailler 3 heures sur le fond. Ils sont maintenus au fond par des semelles en plomb. Au total, leur équipement pèse de 40 à 50 kg. Ils travaillent toujours par 2, une équipe le matin, une autre l’après-midi, du moins tant que la météo le permet (vent inférieur à 25 nœuds).

La suceuse aspire de nombreux coquillages ou morceaux de charbon

A terre, les installations de filtrage et de séchage sont plus conséquentes. Après être passées dans une cribleuse, pour retirer les éléments les plus gros, les boues sont mélangées à un produit chimique pour les agglomérer. Elles sont ensuite envoyées dans des chaussettes géotextiles, dont la paroi poreuse laisse passer l’eau mais retient les boues. Paradoxalement, l’eau rejetée est plus claire que l’eau de mer “naturelle”, qui contient des sédiments en suspension.

Avant l’ajout du produit chimique
Après

Lorsqu’une chaussette est pleine, elle est ouverte pour accélérer le séchage des boues, qui sont retournées plusieurs fois par des moyens mécaniques. Lorsque le taux d’humidité a suffisamment diminué, les boues sont envoyées en décharge.

Les travaux devraient durer jusqu’à la fin de l’année.