La Russie et la Chine bloquent la Résolution de l’ONU sur une nouvelle trêve à Alep

La Russie et la Chine ont mis leur veto à un projet de Résolution du Conseil de sécuritédes Nations Unies, le 5 décembre, qui appelait à une trêve de sept jours dans la deuxième ville de Syrie.

Le vote n’a pas tenu compte de l’accord conclu le 2 décembre entre le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et le secrétaire d’Etat américain John Kerrypour mettre en place un groupe d’experts sur Alep. Le plan comprenait le retrait des rebelles de la partie orientale de la ville. En fait, en soutenant la résolution, l’ambassadeur américain entravait l’initiative diplomatique de son propre département d’État ! Après le vote, les États-Unis ont rompu l’accord, prouvant à nouveau qu’ils ne sont pas un partenaire fiable.

Le vote a également violé les procédures de travail du Conseil de sécurité parce qu’on n’a pas respecté le délai traditionnel de 24 heures pour présenter le projet.

Les représentants américains, britanniques et français ont accusé la Russie et la Chine d’entraver les efforts pour répondre aux besoins humanitaires des civils dans la ville assiégée. Le représentant du Royaume-Uni, Matthew Rycroft, a déclaré qu’en opposant leur veto à la résolution, la Russie et ses partisans « jouaient également avec la vie des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants innocents qui vivaient un enfer à Alep ». Moscou et Pékin ont aussi été accusés de bloquer une résolution qui pouvait mettre fin aux hostilités dans toute la Syrie.

Quand il a pris la parole devant le Conseil de sécurité, l’ambassadeur syrien Bashar Ja’afari a déclaré que la résolution était une tentative pour entraver la lutte contre le terrorisme. Selon lui, « depuis les premiers jours de la guerre terroriste menée contre mon pays, la Syrie, les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne méritent bien d’être appelés les trois mousquetaires qui défendent le terrorisme ». L’ambassadeur a ajouté que les forces gouvernementales syriennes ont libéré environ 100 000 civils détenus par les rebelles.

L’ambassadeur chinois à l’ONU, Liu Jieyi, a déclaré que l’ambassadeur du Royaume-Uni à l’ONU déformait les faits et « empoisonnait l’atmosphère » du Conseil de sécurité.

Précédemment, les trêves humanitaires ont été utilisées par les militants pour se regrouper et renforcer leurs positions, ce qui a aggravé la souffrance des civils.

Un autre incident illustre l’hypocrisie de ceux qui condamnent la Russie et la Chine tout en soutenant les groupes extrémistes en Syrie. La récente attaque contre un hôpital mobile à Alep, pendant laquelle deux infirmières russes ont été tuées, est passée largement inaperçue des grands médias occidentaux. Les représentants occidentaux au Conseil de sécurité de l’ONU l’ont à peine mentionnée.

Ni les officiels étasuniens, anglais et français, ni le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, ni la Croix-Rouge, ni Human Rights Watch, ni Human Rights First ni Amnesty International n’ont émis le moindre mot de condamnation contre les auteurs de l’attaque.

La Russie est la seule à essayer de fournir de l’aide humanitaire aux civils qui quittent Alep-Est pour échapper aux groupes terroristes.

Le Haut Comité de négociation de l’opposition syrienne, reconnu par l’Occident comme seul représentant de l’opposition syrienne, refuse catégoriquement de se plier aux résolutions de l’ONU qui appellent au dialogue national et à la cessation des hostilités.

Il faut prendre en compte un autre aspect du problème. Il n’y a pas d’alternative à une solution militaire de la situation à Alep. Avant le lancement de l’opération, les rebelles ont eu la possibilité de quitter la ville. Des corridors humanitaires ont été mis en place pour les civils. Tout ce qui était possible a été fait pour minimiser les pertes et éviter les hostilités.

Une fois lancée, une opération militaire ne peut pas être menée par morceaux. Elle doit se dérouler de bout en bout selon les plans. On ne peut pas l’arrêter tant que la mission n’est pas accomplie. Les forces syriennes soutenues par la Russie ne peuvent pas attaquer et puis s’arrêter en plein milieu pour respecter des trêves interminables qui ne servent à rien d’autre que de permettre aux rebelles de renforcer leurs positions et d’aggraver les souffrances humaines. Il y aura une vraie chance de paix après la victoire militaire à Alep.

Quand la ville sera reprise, les efforts politiques reprendront. Les activités diplomatiques doivent avoir pour base la Résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies, que la Russie et la Chine approuvent.

La fin de l’opération militaire est proche. Selon le Wall Street Journal, « il y a de plus en plus de signes que l’opposition dans la ville va s’effondrer ». Selon l’article du 5 décembre, « les rebelles d’Alep estiment que les forces du président Bashar al-Assad et leurs alliés détiennent actuellement quelque 60% du territoire de la ville qui était contrôlé par l’opposition il y a un peu plus d’une semaine ». Il cite Mohammad Al-Sheikh, un membre d’une faction rebelle à Alep, qui dit : « Les rebelles pensent partir aussi parce qu’ils sont épuisés par la situation. » selon lui, « Ils n’ont pas le moral. Ils sont au désespoir de ne pas pouvoir rompre le siège. »

Le journal a rapporté que les dirigeants civils dans les quartiers tenus par l’opposition avaient formé un comité de négociation afin d’entamer des pourparlers avec le gouvernement syrien en vue d’un accord négocié pour mettre fin à l’assaut actuel. Mais les membres du comité ont dit qu’ils n’avaient pas encore contacté le gouvernement car la situation à Alep était en perpétuelle évolution.

Il faut noter que le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré que les groupes qui refusent de quitter Alep-Est seront traités comme des terroristes. « En refusant de se retirer d’Alep-Est, ils poursuivent en fait la lutte armée. Nous les traiterons donc comme des terroristes et des extrémistes, et nous soutiendrons l’armée syrienne dans ses opérations contre ces bandes armées », a averti le ministre russe.

La résolution de l’ONU était condamnée dès le départ parce qu’elle mettait dans le même sac la Russie et les terroristes. En outre, le document avait pour objectif de contraindre la Russie à arrêter les opérations. En octobre-novembre, la Russie l’a fait – elle n’a pas bombardé Alep pendant 28 jours. Pourquoi recommencer au moment même, où les terroristes sont sur le point d’être écrasés, ce qui ouvrira la voie au dialogue politique et au règlement pacifique final – ce qui de l’avis général est le but recherché ?

On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre, on ne peut pas parvenir à un règlement du conflit en concluant accord sur accord avec des groupes extrémistes qui profitent du chaos qui règne dans le pays déchiré par la guerre. Les victoires militaires sont le meilleur moyen d’obtenir que les adversaires acceptent de participer à des négociations constructives.

Le projet de Résolution ressemble beaucoup à une provocation dans le contexte des événements qui se déroulent en Irak, à Mossoul, où les forces dirigées par les États-Unis mènent une offensive pour reprendre la ville aux militants d’État islamique. L’opération a causé la mort d’un nombre inconnu de civils, a fait fuir des dizaines de milliers de personnes et a perturbé l’approvisionnement en eau et en électricité des quartiers orientaux de la ville. On a également signalé des atrocités sectaires contre la population sunnite locale.

Le problème c’est que les divers camps poursuivent des objectifs différents. Alors que la Russie se bat vraiment sérieusement contre le terrorisme en Syrie et ailleurs, l’Occident est obsédé par le changement de régime. Il est prêt à tout pour atteindre son but, même à utiliser les Nations Unies à des fins de pure propagande.

Andrei Akulov

Traduction : Dominique Muselet



Articles Par : Andrei Akulov

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