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[Info VA] La vraie raison (judiciaire) de la démission d’Ismaël Emelien

Ismaël Emelien a annoncé hier sa décision de quitter l’Elysée, officiellement pour assurer la promotion de son prochain ouvrage sur le “progressisme”. En réalité, l’exécutif cherche à anticiper une nouvelle affaire, alors que selon nos informations, le conseiller spécial d’Emmanuel Macron pourrait être entendu par la justice en début de semaine prochaine dans le cadre de l’affaire Benalla. 

'Emmanuel Macron, Ismaël Emelien. Photo © LUDOVIC MARIN / AFP
Le futur ex-conseiller spécial d'Emmanuel Macron, Ismaël Emelien. Photo © LUDOVIC MARIN / AFP

« Pas question d’avoir une nouvelle gestion de crise avec un autre proche du président placé en garde à vue » confie à Valeurs actuelles une source élyséenne. Le message est clair : si Ismaël Emelien a « décidé » de quitter ses fonctions, c’est que l’Elysée cherche d’abord et avant tout à anticiper une possible nouvelle affaire. Resté proche d’Alexandre Benalla depuis le mois de juillet, le conseiller spécial d’Emmanuel Macron pourrait effectivement, selon nos informations, être entendu par la justice en début de semaine prochaine. 

Les juges ont considérablement progressé dans leur enquête et souhaitent, nous confient plusieurs sources, entendre dans les prochains jours un grand nombre de membres de l’entourage d’Alexandre Benalla.

Ismaël Emelien est soupçonné d’avoir été illégalement en possession des images de vidéosurveillance dans lesquelles on identifie Benalla en train d’interpeller violemment un couple sur la place de la Contrescarpe à Paris, le 1er mai 2018. Ces images auraient été remises à Benalla par trois policiers, suspendus depuis. Par ailleurs, selon le Monde, l’ancien adjoint au chef de cabinet du président avait affirmé devant les juges avoir remis une vidéo des événements de la Contrescarpe « à un conseiller communication de l’Elysée ».

L’examen, révélé par le quotidien du soir, des Fadettes (Factures détaillées des communication téléphoniques) d’Alexandre Benalla, prouve enfin que celui-ci a eu avec Emelien de longs échanges SMS dans la nuit du 18 au 19 juillet 2018, alors que l’affaire éclatait dans la presse.

Une démission au bon moment ?

Cette défection est loin d’être la première pour Emmanuel Macron, mais s’ajoute au contraire à une liste qui commence à s’étoffer. Il y avait la première vague, celles des poids lourds, François Bayrou, Gérard Colomb, Nicolas Hulot. Il y a maintenant celle des jeunes loups, la garde rapprochée du président, avec le départ il y a un mois de Sylvain Fort, plume et directeur de la communication, en même temps que celui de deux conseillères du Président, Barbara Frugier (communication internationale) et Ahlem Garbi (Maghreb et Moyen-Orient).

Sans oublier Stéphane Séjourné, membre clé de l’équipe présidentielle, qui, s’il a été nommé directeur de campagne de La République En Marche aux européennes, n’en a pas moins quitté son poste de conseiller politique. Un autre “Macron Boy” devrait lui emboîter le pas : Clément Beaune pourrait quitter son poste de conseiller Europe pour rejoindre la liste LREM aux européennes. Parmi les jeunes macronistes de la première heure à l’Elysée, Sibeth Ndiaye, à la communication, fera bientôt figure de survivante. 

Un « Mormon »

Car Ismaël Emelien était bien un membre du tout premier cercle. Conseiller d’Emmanuel Macron lors de son passage au ministère de l’Economie, il figure parmi les fondateurs du mouvement « En Marche ! ». Par la suite, il est en charge de la communication lors de la campagne présidentielle, puis conseiller spécial à l’Elysée. Il appartient au petit groupe de fidèles du président, qui se surnommaient eux-mêmes « Les Mormons ». On lui doit quelques saillies verbales du Président de la République : « Les premiers de cordée » (100 plus grandes entreprises françaises), c’est lui, le « pognon de dingue » que coûteraient les allocations sociales, c’est lui, le « Make Our Planet Great Again » en réponse au départ de Donal Trump de l’accord sur le climat, c’est encore lui. 

Selon Le Point, sa démission avait été planifiée avec Emmanuel Macron depuis le mois de novembre dernier. Le conseiller spécial explique laisser son siège vacant car il s’apprête à publier un ouvrage de 160 pages sur le « progressisme », coécrit avec David Amiel, également conseiller à l’Elysée : « Par éthique personnelle, je me suis astreint en tant que conseiller spécial du président à un silence absolu qui n’est pas compatible avec la parution d’un tel ouvrage. (…) Je veux retrouver la confrontation en première ligne. On est bien seul aujourd’hui à défendre le progressisme (…) et je pense que c’est dans cette position que je serai le plus utile. »

En attendant de présenter son nouvel ouvrage, Ismaël Emelien pourra continuer de creuser son sillon dans la France d’Emmanuel Macron pour œuvrer à bâtir une « start-up nation ». Depuis six mois, Emelien oscillait entre son envie de quitter l’Elysée et celle de rester auprès d’Emmanuel Macron. « Cela dépendait des semaines, selon son humeur », confie un proche. Toujours est-il qu’après son mariage récent le 13 octobre dernier, son désir de s’impliquer dans un nouveau projet qui lui permettrait de disposer de plus de temps le démangeait. Il a même envisagé de s’impliquer aux côtés de son épouse dans le développement de sa start-up. 

 

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