Les tours antigel prouvent leur efficacité dans les vignes

Les installations de tours antigel se sont multipliées après les gelées de 2016 et de 2017. Récents sur les appellations pouilly, ou plus anciennes au domaine de Chevalier, dans le Bordelais, ces équipements ont fait leurs preuves.

D’étranges éoliennes se sont multipliées à travers les parcelles de vignes lors des deux dernières années. Elles ont la particularité de ne tourner que quelques jours par an et uniquement lorsqu’il n’y a pas de vent. Cette vague d’installations de tours antigel fait suite aux basses températures de 2016 et 2017 qui ont engendré des dégâts dans les vignes. «  En 2016, on a été piégé avec les bougies qui avaient trop fonctionné  », témoigne Alain Pabiot, viticulteur sur la commune Les Loges à Pouilly-sur-Loire. À la suite de cet épisode, il décide d’installer trois tours antigel sur son vignoble. «  Il n’y a pas d’eau à proximité pour l’aspersion et nos parcelles ne sont pas assez grandes pour cette méthode de lutte  », indique le viticulteur. En 2017, son initiative fait des émules et une trentaine de tours font leur apparition sur l’appellation. «  Sur nos parcelles et celles de nos voisins, on a installé quatre tours en plus. Chacun paye une partie de l’équipement en fonction de la surface couverte sur son exploitation, détaille le viticulteur. En travaillant ensemble, on couvre de plus grandes surfaces. Ça évite de placer les tours au milieu des parcelles en arrachant deux rangs de vigne pour y accéder avec un véhicule.  » 

Sur le domaine de Chevalier dans le Bordelais, les viticulteurs n’ont pas attendu le gel de 2017. «  On a remis trois tours sur de jeunes vignes après cet épisode climatique, mais la première a été installée en 1982. Au total, il y en a dix sur le vignoble, dont certaines démontables devant le château  », dénombre Thomas Stonestreet, le directeur technique du vignoble. Pour lui, ces installations sont particulièrement efficaces sur les gels de printemps. Il explique que dans ce cas, le rayonnement de la terre s’élève dans l’air sans être retenu par les nuages et l’air froid se tasse au sol. Il est alors intéressant de brasser l’air. «  À l’inverse, dans le cas de gelée d’hiver ce sont des grosses masses d’air froid qui arrivent. Dans ce cas, les tours ne serviront à rien  », analyse-t-il.

Une surface protégée variable selon la température

Sur l’exploitation d’Alain Pabiot, les tours antigel protègent les vignes sur environ 4 ha chacune. «  La protection est optimale pour des températures allant jusqu’à - 4 °C, ensuite le rayon couvert diminue  », annonce le viticulteur. Pour plus d’efficacité, il peut placer six grands pots de paraffine à la base des mats pour brasser plus de chaleur. «  Nos éoliennes sont équipées d’un système chauffage qui produit de l’air chaud  », décrit de son côté Thomas Stonestreet.

Sur le domaine de Chevalier, les tours antigel couvrent une surface de 3 à 3,5  ha jusqu’à - 2 °C, ensuite la surface protégée se réduit.

«  Quand on lance les tours à minuit, la température continue de descendre toute la nuit. On n’est pas tranquille  », relève-t-il. Pour que les tours fonctionnent correctement, le démarrage doit se faire lorsque la température est encore positive. «  Le brassage de l’air va entraîner l’assèchement de la rosée sur les bourgeons. Cette action fait perdre 1 °C très rapidement. Si on est déjà en négatif à ce moment-là, cette brusque chute va engendrer des dégâts  », explique le Bordelais. Lors des nuits de gel, il est réveillé par une alarme connectée à une sonde. Elle se déclenche lorsque la température atteint 1 °C. «  On étudie alors le vent, la température et la couverture nuageuse. En fonction de ces facteurs, la décision est prise d’allumer ou non  », énumère le directeur technique.

«  L’installation d’une tour antigel, c’est 43 000 euros en moyenne, compte Alain Pabiot. Pour certaines la facture est un peu plus élevée du fait d’un système permettant de compenser le dénivelé lors du brassage de l’air.  »

Un coût d’installation important mais peu d’entretien

Sur le Domaine de Chevalier, le coût d’une tour avec le socle en béton et la cuve est estimé à 54 000 euros. «  On a un mécanicien qui entretient les moteurs. Ça représente 2,5 jours de travail et 300  € par tour chaque année  », recense Thomas Stonestreet.

Lors de l’installation de tours antigel certains facteurs doivent être étudiés avec attention. Le vol sur ces équipements non surveillés est l’un d’entre eux. «  C’est inévitable, commente le directeur technique, on a eu des vols de carburants et de batteries. Pour contrer ce phénomène, on a mis des cuves à double paroi.  » Alain Pabiot a, lui, fait le choix de moteurs au gaz et d’un système enterré pour éviter ce type de vandalisme. Le bruit des hélices lors du fonctionnement peut également incommoder les riverains. «  Les gens ont toujours été compréhensifs. Sauf en 2017, lorsque les tours ont beaucoup tourné. On a échangé avec eux et il en est ressorti la mise en place d’un système d’alerte envoyé par mail lorsqu’il y a un risque de gelée dans la nuit  », rapporte Thomas Stonestreet.

 

Article paru dans Viti Leaders de mars 2019

Viti leaders 441 mars 2019

 

Viticulture

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15