Beauvau de la sécurité. Darmanin accède aux premières revendications des syndicats de policiers

Le ministre de l’Intérieur a accepté de donner des garanties, notamment sur les « peines minimales » pour les agresseurs de policiers, aux deux principales organisations de gardiens de la paix.

Avant même le démarrage du Beauvau de la sécurité, des syndicats de policiers ont obtenu satisfaction sur des revendications préalables de la part du ministre de l’Intérieur. Pour rappel, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé le 7 décembre dernier la tenue de cette série de concertations autour d’une réforme de la police, à partir de ce mois de janvier. Doivent s’y joindre les syndicats de policiers, qui avaient jusqu’au 10 janvier pour faire connaître leur volonté de participer aux discussions. Alliance et l’UNSA, les deux principales organisations de gardiens de la paix ont donc fixé leurs conditions. Ils ont réclamé au ministre de l’Intérieur des garanties sur la gratuité des transports publics, au-delà du seul aller-retour domicile/travail, une subvention pour leur mutuelle, et des engagements sur la réponse pénale. Ce dernier point est probablement le plus sensible. Les deux syndicats de policiers exigent en effet l’instauration de peines minimales pour les agresseurs de policiers, ce qui va au-delà de la création annoncée d’un « observatoire de la réponse pénale », chargé de fournir des données sur les peines encourues, prononcées et effectuées en la matière.

Si les deux premières revendications des syndicats n’ont pas d’impact sur la politique sécuritaire du gouvernement, celle sur les peines minimales en a bel et bien. De ce fait, Alliance et l’UNSA forcent déjà la main du gouvernement avant même le début des concertations. Gérald Darmanin a en effet accepté ces préalables le 12 janvier. Or, il faut rappeler le contexte du lancement de ce Beauvau de la sécurité. Le président de la République l’a annoncé alors que la contestation citoyenne contre les violences policières avait pris une ampleur sans précédent : 500 000 personnes avaient manifesté en France le 28 novembre 2020, sur fond de mouvement contre la loi de sécurité globale et de violences policières ayant choqué l’opinion. Cette annonce du 7 décembre se voulait donc une forme de réponse à une crise politique. Car le Beauvau de la sécurité devra aboutir à une réforme en s’appuyant sur plusieurs chantiers : la formation des policiers, leur encadrement, les conditions matérielles d’exercice de leurs missions, la captation vidéo des interventions, les missions des inspections telles que l’IGPN, les effectifs, les relations avec la population et notamment la question des discriminations…

Or, Gérald Darmanin vient déjà de dire « oui », et ce alors que dans le même temps, la loi de sécurité globale est toujours en plein parcours parlementaire. Dira-t-il « oui » aussi facilement aux revendications des syndicats de policiers durant le reste du processus du Beauvau de la sécurité ? Les craintes sur la portée réelle de cette réforme risquent de se trouver confortées par ce préambule aux concertations.


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