Disparition. Colette Privat, l’agrégée au service de la classe ouvrière

Ancienne députée et maire de Maromme, près de Rouen, figure communiste, responsable des Amis de l’Humanité, la professeure de lettres est décédée à l’âge de 95 ans.

Née Colette Moat, le 14 novembre 1925 à Paris, Colette Privat est décédée dans la nuit du 6 au 7 avril. Professeure de lettres, militante syndicale et politique, cette figure du Parti communiste a marqué la vie politique normande et au-delà. On lui doit la création de la première antenne rouennaise des Amis de l’Humanité, association dont elle devient vice-présidente en 2014.

Députée de Seine-Maritime (de 1967 à 1968 et de 1978 à 1981), elle fut, en 1967, la première femme élue conseillère générale, puis réélue cinq fois. Elle a été maire de Maromme en 1977, et réélue jusqu’en 1998. Entre 1981 et 1983, Marcel Rigout, alors ministre communiste de la Formation professionnelle, lui confie, dans son cabinet, la formation professionnelle des femmes. Cette ancienne militante à l’Union des femmes françaises n’a pas cessé de se battre pour les droits des femmes. Colette Privat a ainsi enchaîné les mandats électifs jusqu’en 2004 et, partout où elle les a exercés, elle a laissé l’empreinte de ses combats et de son engagement : le sauvetage des chantiers navals et de l’industrie textile, la réalisation du lycée de la Vallée-du-Cailly, la reconstruction du centre-ville de Maromme, défiguré à la suite d’une opération désastreuse de Paribas. « Ce furent des batailles très lourdes », reconnaissait-elle, en 2015, à l’antenne de France 3 Normandie. Elle avait déjà affuté ses armes, dès 1953, face au maire de Rouen, l’armateur Jacques Chastellain, alors qu’elle était élue dans l’opposition communiste.

Outre les luttes syndicales et politiques, elle se revendiquait « amoureuse des lettres modernes et classiques », dont elle était agrégée, depuis 1949, à l’issue de brillantes études. Elle a impulsé de nombreuses activités culturelles. On lui doit, ainsi, les Rencontres du livre, organisées à Maromme chaque année, en automne, jusqu’au mitan des années 2000. C’était un événement culturel incontournable. Au sein du PCF, dont elle fut une responsable nationale, elle a poussé, dans les années 1960, à la création du cercle Politzer, centre d’études marxistes qui anima, à Rouen, de riches débats, dont de nombreux militants se souviennent encore.

Le combat anticolonial et pour la paix

Sa vie militante commence en 1945, aux Vaillants et Vaillantes à Paris, puis en 1946 aux Jeunesses communistes, où elle rencontre Robert Privat, militant, fils de bouquinistes, ouvrier mécanicien de précision à l’Institut d’astrophysique de Paris, puis dessinateur industriel. Ils se marièrent en 1952 et eurent trois enfants. Un an auparavant, en août 1951, elle accompagna, au Festival mondial de la jeunesse à Berlin, une forte délégation d’enfants de dockers du port de Rouen, alors en grève car refusant de décharger du matériel de guerre à destination de l’Indochine. À cette époque, elle enseignait au lycée Jeanne-d’Arc de Rouen.

En 1960, au sein du comité universitaire du Mouvement de la paix, elle monte un collectif de soutien à la Rouennaise Jacqueline Guerroudj et son époux, Djilali, instituteurs condamnés à mort pour leur participation à la lutte pour l’indépendance de l’Algérie. La mobilisation fit reculer le gouvernement, qui les gracie en 1962. Colette Privat a toujours refusé la Légion d’honneur. Elle a vécu jusqu’au bout une vie riche d’engagements et de passions, fidèle à son idéal, celui « d’un monde nouveau, heureux, où il n’y aurait plus de misère, de pauvres, de guerres ». L’Humanité présente ses condoléances à sa famille et à ses proches.


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